INTERVIEW

LUCA ROSETTI – VAINQUEUR MINI TRANSAT 2023

Luca Rosetti 𝐞𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥’𝐞́𝐦𝐨𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐬𝐚 𝐯𝐢𝐜𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐮𝐫 La Boulangère Mini Transat 𝐬𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐢𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐬𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐧𝐚𝐮𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐥𝐚 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐭𝐫𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐬𝐚 𝐯𝐢𝐜𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝐥𝐞𝐬 𝐬𝐮𝐜𝐜𝐞̀𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐯𝐨𝐢𝐥𝐞 𝐢𝐭𝐚𝐥𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐞𝐭 𝐬𝐨𝐧 𝐞𝐱𝐩𝐞́𝐫𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐆𝐋𝐎𝐁𝐄𝟒𝟎…

Avant de revenir sur ta belle victoire sur la Mini Transat, peux-tu nous expliquer ton parcours nautique et tes expériences passées ?

Je suis originaire de Bologne, il n’y a pas la mer et je ne suis pas issu d’une famille de marin.

J’ai commencé à faire de la voile pendant les vacances d’été à l’âge de 6 ans mais juste pour s’amuser mais l’esprit compétition m’a vite rattrapé. Je me suis donc inscrit dans un club nautique avec une section compétition et j’ai commencé par l’optimist, support sur lequel j’ai participé à mes premières régates. J’ai enchainé avec des années en laser puis en match racing. J’ai essayé différents supports car je voulais découvrir différentes expériences.

Je me suis lancé ensuite sur la Mini Transat 2019 sur un vieux bateau (le n° 342) parce que je voulais découvrir le large. C’était une superbe expérience mais lorsque je suis arrivé en Martinique, je me suis tout de suite dit que je voulais repartir avec un projet compétitif et un bateau performant. J’ai été freiné dans ma progression pour cause de budget mais surtout avec le Covid qui m’a stoppé net dans mon projet Mini Transat 2021. J’ai donc été le préparateur du projet RACE CARE pour la Mini Transat 2021. A l’issue de cette édition, j’ai repris les rênes du projet en tant que skipper, j’ai déménagé en France pour pouvoir m’entrainer dans les meilleures conditions et j’ai participé à toutes les courses de la saison jusqu’à cette Mini Transat 2023.

Cela fait donc maintenant quelques jours que tu as posé le pied à terre, quelles sont tes impressions et que ressens-tu après cette victoire ?

Ce n’est pas encore très bien maitrisé, je n’arrive pas encore à y croire. C’est vraiment quelque chose d’énorme. Je viens de récupérer mon téléphone et lorsque je l’ai allumé, c’était incroyable de voir combien de messages j’ai reçu d’Italie, de France, de mes amis à l’étranger, des copains de la Globe40… J’ai eu un accueil incroyable en Guadeloupe, énormément de personnes étaient là pour m’accueillir. C’est dans cet engouement que je me rends compte que j’ai réalisé une superbe performance mais il va me falloir encore quelques jours pour vraiment réaliser.

En remportant cette édition de la Mini Transat, tu deviens le 2ème italien à gagner après Ambrogio Beccaria, on imagine beaucoup de fierté ?

Oui c’est beaucoup de fierté. Tout simplement parce que Ambrogio est le GOAT, l’imbattable. Me retrouver vainqueur de cette Mini Transat à côté de lui me fait peur ! D’un autre côté, je sais que ce n’est pas parce que j’ai gagné cette Mini Transat que je suis à son niveau, il a déjà une énorme expérience et beaucoup de victoires. Mais il n’y a pas que lui, il faut pouvoir se confronter à tous les autres skippers. Je dois maintenant me concentrer sur mon nouveau projet à fond !

Comment expliques-tu cette période faste pour la voile italienne avec de plus en plus de projets performants en course au large avec notamment Ambrogio Beccaria, Alberto Bona ou encore Alberto Riva et dorénavant Luca Rosetti victorieux sur cette Mini Transat ?

Cela fait plusieurs années que la Fédération Italienne et la Class Mini font tout leur possible pour essayer de développer la course au large en Italie. L’Italie est la 2ème nation la plus représentée sur la Mini Transat. Il y a quelques années, les projets voile italiens étaient plus des projets « low budget » axés vers l’aventure. Aujourd’hui, les projets sont tournés vers la performance et la compétition et donc cela augmente le niveau en entrainement et en compétition. C’est super et on peut que s’en réjouir pour la voile italienne. Les 3 skippers que tu cites ont une énorme expérience en Mini, Figaro et maintenant en Class40 et permettent à l’Italie d’être sur le devant de la scène en course au large. Ils représentent le top niveau.

Lorsqu’on t’écoute, on a l’impression que tout s’est bien enchainé pour toi et qu’il ne pouvait rien t’arriver mais tu as quand même dû rencontrer des moments de doutes ou des moments de solitude ?

Je n’ai pas eu beaucoup de moments de solitude sur cette Mini Transat parce que l’an dernier j’ai participé à la 3ème étape de la Globe40 entre l’Ile Maurice et Auckland et l’expérience d’être en mer pendant 35 jours m’a beaucoup aidé. J’ai eu l’impression que cette Mini Transat s’est passée assez rapidement au final. Je n’ai par exemple jamais mis les way points arrivée sur mon GPS, j’étais vraiment focus sur les réglages et la vitesse du bateau. Je commence à avoir beaucoup de milles au compteur et une bonne expérience sur les courses longues distance.

J’ai quand même eu des moments difficiles et de doutes parce que la météo n’était pas facile à comprendre. Tu peux douter assez rapidement parce que tu n’as pas beaucoup d’informations à bord. L’avant dernier jour, j’ai eu un coup de stress énorme avec la fatigue et j’ai vraiment eu peur de perdre la Mini Transat ; le vent annoncé n’était vraiment pas ce qu’on avait sur zone et j’ai vraiment eu peur de perdre toute l’avance que j’avais créé les jours passés. Il était impossible de manger ou dormir pendant les dernières heures de course. Je suis vraiment allé au bout de moi-même pour décrocher cette victoire et cela me rends fier.

Tu as participé à la 1ère édition de la Globe40, qu’est-ce que tu as pensé de cette course et comment la Globe40 à pu t’aider à réaliser un tel exploit sur la Mini Transat ?

Participer à la Globe40 a été une superbe expérience, c’est vraiment une course de malade.

Organiser une course autour du monde n’est jamais évident, surtout une 1ère édition notamment sur l’aspect logistique que ce soit pour les coureurs et les organisateurs.

C’est une course géniale pour les skippers mais aussi pour les partenaires. Pour un partenaire, avoir l’opportunité d’afficher ses couleurs sur un bateau partout dans le monde est une occasion unique. Il y a la possibilité d’organiser des opérations de relations publiques sur des étapes incroyable. De manière générale, les courses océaniques partent de France et reviennent en France sans s’arrêter. La Globe40 permet de faire un tour du monde en course en s’arrêtant dans des endroits magiques où tu rencontres de nouvelles cultures.

Au niveau de l’expérience, la Globe40 m’a beaucoup aidé dans l’approche psychologique. Cela t’aide à mieux comprendre comment il faut prendre soin du bateau, du skipper sur une course assez longue.

Tu quittes le circuit 6.50 de la plus belle des manières, comment espères-tu la suite de ta jeune carrière, quels sont tes projets ?

J’ai déjà commencé à travailler sur un projet Class40, quelques sponsors vont me suivre dans ce nouveau projet mais je suis encore à la recherche de partenaires.

L’idée est pour le moment d’engranger de l’expérience sur ces bateaux et c’est pour ça que je vais faire un convoyage retour de la Transat Jacques Vabre. Je vais pouvoir continuer mon apprentissage et engranger de l’expérience sur ce support dans l’optique d’avoir mon propre projet. C’est trop bien, je suis ravi.

Être au départ de la 2ème édition de la Globe40 avec un projet 100% italien performant est un objectif ?

Oui c’est un objectif même s’il est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de temps avant le départ en 2025 pour trouver un budget, s’entrainer et fiabiliser un bateau. C’est une course très intéressante, j’aimerais y arriver c’est sûr.

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