INTERVIEW

INTERACTION TEAM VOILE YANNIG ET ERWAN LIVORY

Yannig et Erwan Livory , inscrits à la 2ème édition de la Globe40 sur le Class40 n°164 INTERACTION reviennent sur leur parcours respectifs et se projettent sur le tour du monde…

Avant de se projeter sur votre participation à la Globe40 2025, pourriez-vous revenir sur votre parcours nautique et expériences passées notamment sur le circuit Figaro ?

Yannig : J’ai commencé comme tout le monde par des régates en optimist avant de rentrer au pôle de Brest en sport études voile pendant 2 ans. C’est après ces deux années que je me suis orienté vers la course au large où j’ai pu notamment participer cinq fois au Tour de France à la voile. J’ai ensuite intégré l’équipe de France de voile de Soling pendant 4 ans en vue des Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 ; cette période m’a réellement permis de découvrir le sport de haut niveau, c’était très intéressant. L’appel du grand large étant bel et bien là, j’ai donc participé par la suite à une quinzaine de transatlantiques en course en Figaro, en solitaire ou en double. J’ai également pris le départ de 5 Solitaire du Figaro, classe que j’ai présidé pendant 5 ans notamment pour l’avènement du Figaro 3. Avec mon frère Erwan on a participé aux courses traditionnelles du circuit Figaro.

J’ai suivi l’arrivée de la 1ère édition de la Globe40 à Lorient et c’est là que mon idée de participer un jour à cette course a muri, nous voilà aujourd’hui avec ce beau projet.

Erwan : Comme beaucoup, j’ai navigué avec Yannig et mes parents quand j’étais jeune en croisière notamment dès l’âge de 3-4 ans sur un Corsaire construit par mon père. Contrairement à Yannig je n’ai pas suivi un parcours voile en compétition, j’ai fait beaucoup de gymnasique au haut niveau pendant presque 20 ans. Cependant je n’ai jamais arrêté de naviguer. Lorsque Yannig s’est lancé dans ses saisons Figaro, j’étais en background dans la gestion du projet, recherche de partenaires, convoyages et entrainements. C’est à ce moment-là que l’on a recommencé à naviguer ensemble. En 2006, il m’a proposé de faire la Transat AG2R ensemble et c’est à cette époque que j’ai repris la compétition. Je n’avais pas réellement de velléité à faire du solitaire donc on a axé le programme avec Yannig sur les courses en solitaire et avec moi en double sur le circuit Figaro.

Vous êtes soutenus par votre partenaire INTERACTION depuis de nombreuses années, comment s’est monté ce projet INTERACTION TEAM VOILE ?

Yannig : Cela a été une rencontre complètement fortuite pas du tout dans le monde de la voile. Nous avions été invités au Festival des Vieilles Charrues et puis il se trouve que le patron d’Interaction était assis à notre table. C’est là que l’histoire avec Interaction a commencé. Le partenariat s’est fait petit à petit avec au début une histoire en Figaro et maintenant en Class40. Cela fait maintenant 7 ans qu’on est ensemble.

Erwan : Au fil de la recherche des partenaires, on a eu en effet la chance de rencontrer la direction d’Interaction qui nous a fait confiance et qui est devenu au fil des années le partenaire principal de notre projet. Depuis un an, on a enrichi le projet Interaction en montant Interaction Team Voile où à ce moment-là la direction d’Interaction nous a confié le pilotage d’Interaction Team Voile sur la partie technique, suivi financier et navigation. Cela nous a permis d’intégrer de la mixité et de la jeunesse dans ce projet notamment dans l’intégration d’équipières dans les courses en équipage. C’est à ce moment-là que Louise Comont à intégrer l’équipe en Mini 6.50. Elle sera présente à nos côtés sur les courses en équipage en Class40 dont la Niji 40.

Vous avez fait l’acquisition d’un bateau dernière génération, le Class40 n°164, quelles sont vos impressions après les premières navigations ?

Yannig : Ce n’est pas tout à fait un Class40 toute dernière génération puisqu’il y en a qui sont sortis de chantier depuis mais je voulais vraiment ce bateau parce que justement il n’était pas trop extrême par rapport aux derniers scow. De plus le bateau était prêt à naviguer sans mise en chantier à faire. C’est un bateau puissant où tout est plus lourd à manipuler. Hormis ça, il n’est pas très compliqué à prendre en main, cela reste un bateau ! La partie entretien et préparation du bateau reste importante et c’est pour cela qu’il était important pour nous d’acquérir ce bateau rapidement afin d’avoir le temps de bien se préparer en vue de la Globe40.

Erwan : Le Class40 est vraiment une suite intéressante après les années Figaro. On sent bien que l’on a franchi un palier à tous points de vue. C’est des bateaux très techniques car ils sont forcément plus gros donc la partie préparation à terre est plus importante. Ce nouveau projet nous rebooste, nous permet de se remettre en question et nous permets d’éviter de s’installer dans une routine. Et puis en mer, c’est un bonheur ! C’est un bonheur parce que ça va plus vite, c’est plus grand, il y a plus de tensions, il y a des nouvelles choses à mettre en place. La nouveauté nous amène à progresser et à se remettre en question et c’est ce qui rend le projet très intéressant. Autre point important, rejoindre la Class40 qui est composée de professionnels et d’amateurs expérimentés comme nous, nous a permis de retrouver une mixité et une ouverture, ce qui rends le projet très agréable.

Parlons maintenant de la Globe40 où vous êtes inscrits à la 2ème édition, comment vous est venu l’idée de participer à ce tour du monde ?

Yannig : Lorsque tu commences à faire de la course au large, c’est un peu le rêve de tout le monde d’un jour faire un tour du monde. Ce concept de course nous convient bien à Erwan et moi puisqu’étant donné nous nous travaillons à côté, ce projet reste assez simple dans sa gestion si l’on compare à des projets Imoca par exemple. On reste persuadé qu’il y a une belle histoire à raconter autour de ce tour du monde et c’est d’ailleurs ce qu’on a vendu à notre partenaire. La Globe40 allie côté compétition et aventure. Entre les projets inscrits et les personnes qui ont des velléités à s’inscrire, la course s’annonce passionnante. Et puis le côté aventure est bien présent avec ces nouveaux pays et cultures à découvrir. Ce mélange nous va bien, la Globe40 va être un grand bonheur.

Erwan : L’idée est venue petit à petit. On avait la volonté de changer de classe, pas forcément avec un programme précis, on a eu l’opportunité de proposer ce projet à notre partenaire. On s’est dit que l’aventure pouvait être belle. On est des amateurs mais on reste des compétiteurs avec l’envie de bien faire, de bien figurer sur les courses mais l’idée est vraiment de pouvoir raconter une histoire autour de ce projet Interaction Voile ; si nos navigations n’ont pas de sens elles auront peu de valeur pour nous et notre partenaire. Faire un podium c’est bien mais raconter une histoire c’est ce qu’il y a de plus important pour nous. La Globe40 nous laisse le temps de le faire avec la préparation du projet et la longueur de la course. C’est une course qui est internationale et qui va donc pouvoir faire échos au sein d’Interaction. Et puis humainement, c’est le projet d’une vie, avoir la possibilité de faire un tour du monde en course est une opportunité que l’on peut que saisir.

Le fait d’être associé avec son frère doit vous aider dans la gestion d’un tel projet ? Comment organisez-vous dans la préparation du bateau et la répartition des rôles à bord notamment ?

Erwan : Depuis longtemps on a l’habitude de piloter le projet à deux. C’est certain que la proximité nous aide énormément dans la gestion du projet. Pour te dire, on habite à moins de 500m l’un de l’autre donc pour prévoir les choses, se réunir, discuter, c’est quand même plus facile. Je m’occupe plus de la partie planification du projet et suivi financier tandis que Yannig avec sa formation d’architecture navale se concentre davantage sur les choix techniques. Sur la partie sportive et préparation physique, c’est plutôt moi qui prends le lead là-dessus sachant que j’ai une formation à la base de physiologie et de bio mécanique du sport. En navigation, je suis plutôt n°1 sur les manœuvres alors que Yannig reste plus à la barre et au piano. Et pour finir sur la partie stratégie et météo, on échange ensemble mais Yannig reste le skipper du bateau et c’est donc lui qui prendra les décisions finales.

Où en êtes-vous dans la préparation de ce projet ?  Quel est votre programme sportif jusqu’au départ de la Globe40 en 2025 ? 

Yannig : On a réalisé un premier chantier pour mettre le bateau à nos mains. On va participer à la Niji 40 et revenir en convoyage pour mieux se rendre compte de ce qu’il va y avoir à faire évoluer sur le bateau par la suite – c’est en navigant que l’on se rendra mieux compte des choses. On a prévu cet été de retravailler sur le bateau en vue de la Globe40 avec notamment des cloisons à rajouter et des travaux à effectuer sur le mat. Cette période sera une phase importante du projet, l’objectif étant d’être prêt dès la fin 2024 pour partir sereinement sur la Globe40 en 2025.

Erwan : Nous avons donc acheté le Class40 n°164 et il est basé à Lorient. Après les premières navigations de prise en main, nous avons un fait un petit chantier et le bateau devrait être remis à l’eau ce week-end pour repartir naviguer rapidement afin de se préparer au départ de la Niji 40 qui sera la première transatlantique pour nous sur ce bateau. Au retour du convoyage nous ferons quelques RP avec nos partenaires avant de se concentrer sur le chantier avant le départ Globe40.

J’imagine que vous avez suivi de près la 1ère édition, que retenez-vous de cette course et quel moment vous a le plus marqué ?

Yannig : Je pense que l’accueil sur les différentes étapes étaient des moments forts. De notre côté, on veut vraiment travailler sur la partie communication et être capables de transmettre des images de mer pour partager la vie à bord et partager réellement ce qu’on vit.

Erwan : C’est une course de longue haleine qui ne doit pas être appréhendée comme un sprint. Il faut que l’on prépare le bateau et les bonhommes pour un tour du monde et pas forcément se dire qu’il faut partir pour un sprint qui va durer 3 semaines. La course sera vraiment longue et c’est indispensable de prendre cela en compte dans la préparation du tour du monde.

Je pense que l’arrivée de la 1ère édition à Lorient était un grand moment, cela a marqué la fin d’une grande aventure pour tous les marins engagés.

Quels sont vos objectifs et ambitions sur la Globe40 ?

Yannig : Le premier objectif est de partir et d’arriver ! Partir avec un bateau prêt va demander du temps et de l’anticipation. On veut anticiper tous les problèmes techniques avant de partir pour avoir le moins de choses possibles à découvrir pendant la course.

Le deuxième objectif sera de bien gérer la course, préserver le matériel. La Globe40 est une course longue, il faudra mettre le curseur au bon niveau pour avoir le moins de soucis techniques afin de pouvoir enchainer étape par étape. C’est un peu notre philosophie, à partir de là le résultat suivra. Notre souhait est de partager au maximum notre aventure.

Erwan : Comme l’a dit Yannig, le premier objectif est d’être au départ et le second d’être à l’arrivée ! Être au départ voudra dire que l’on aura réussi à fiabiliser le bateau et qu’on aura toujours la confiance de notre partenaire, même si je n’en doute pas c’est important de le souligner. Cela voudra aussi dire que l’on aura aussi personnellement réussi à organiser ces huit mois parce qu’en terme de travail cela veut dire une longue absence et ce n’est pas anodin.

Être à l’arrivée voudra dire que l’on se sera bien préparé, que l’on aura était allé au bout de cette aventure, qu’on aura été suffisamment prudent pour finir et qu’il n’y aura pas eu de grosses casses matérielles.

Entre les deux, on fera du mieux qu’on peut, on va se bagarrer et surtout essayer de raconter une belle histoire avec les personnes qui nous accompagnent !

J’ai un peu l’image d’une caravane qui va se déplacer autour du monde et qu’il va y avoir de belles rencontres humaines pendant les étapes. J’ai hâte de vivre cette aventure !

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